mardi 13 janvier 2015

AVANT LE TIRE-BOUCHON : LA BOUCHONNEUSE




Amis collectionneurs, bonjour !




Et si nous parlions des boucheuses ?



Les hélixophiles que nous sommes devraient-ils limiter leur intérêt aux seuls tire-bouchons ?


Vous répondez non, j'en suis sûr !


Chacune, chacun à notre manière, nous établissons des ponts vers des thématiques proches de la nôtre ; en effet :
- le tire-bouchon ne se justifie qu'en complément du vin, de la bouteille et du bouchon
- les tire-bouchons multioutils incluent des couteaux et ouvre-boites,
- les sets de bar comprennent des bouchons, décapsuleurs et autres casse-noix,
- chronologiquement, l'action de déboucher une bouteille suit fatalement celle de la boucher et ceci nous renvoie du même coup aux mâche-bouchons et aux bouchonneuses,
- l'intérêt porté à un fabricant peut nous conduire à nous intéresser au reste de sa production, même s'il ne s'agit plus de tire-bouchons : Pérille en est l'exemple.
- et ainsi de suite...

Nos collections peuvent ainsi renfermer, entre autres curiosités, des outils de la vigne et du vin, des bouteilles anciennes, des étiquettes, des percettes, des pipettes, des siphons, des taste-vins, des objets publicitaires, des catalogues anciens... et même parfois ... des tire-bouchons !



Pour en revenir au sujet du jour, commençons par un peu de bibliographie :

Le livre référence sur cet univers est celui de Donald A. Bull et Joseph C. Paradi, livre auquel j'avais consacré une fiche bibliographique lors de sa sortie :




Je vous propose aujourd'hui de revenir sur un chapitre auquel j'avais eu plaisir à contribuer, celui des bouchonneuses ou boucheuses.


Ce thème avait aussi fait l'objet d'un dossier très illustré dans L'EXTRACTEUR N° 35 de septembre 2003. 
Hajo Türler y avait rassemblé quelques 80 photos de machines à boucher qu'il choisissait pour sa part d'appeler bouchonneuses.


Quel nom retenir pour les machines à boucher les bouteilles ?


Il faut en effet commencer par s'entendre sur les termes ; doit-on parler de boucheuses ? de bouche-bouteilles ? ou de bouchonneuses


Le Nouveau Larousse Illustré en sept volumes, publié en 1898 et en 1906 pour le supplément, ne propose encore aucun de ces trois termes !
Le seul mot présent est boucheur, mais seulement au masculin, avec la définition suivante : "Dans les verreries, nom donné aux ouvriers qui fabriquent les bouchons de verre  des carafes ou flacons", autrement dit les boucheurs à l'émeri !

L'absence du mot boucheuse dans le Nouveau Larousse ne signifie pas que l'objet n'existait pas alors. Elle confirme seulement le principe que j'ai déjà formulé ici : toujours la chose précède le mot
La boucheuse de bouteilles existait avant que le nom entre dans le dictionnaire !

La définition n'est pas encore écrite au milieu du XIX° siècle, mais le concept est bien établi et le principe de fonctionnement de ces machines est toujours le même : elles compriment les bouchons pour les enfoncer à force dans le col des bouteilles.

Le mot bouchonneuse était autrefois utilisé pour qualifier une soie qui "bouchonnait", d'où un risque de confusion.
Aujourd'hui, c'est majoritairement sous le vocable de boucheuses que les fabricants désignent aujourd'hui les machines à boucher.
C'est donc le terme de boucheuse que je vais conserver pour évoquer la machine à boucher les bouteilles, un choix un peu arbitraire, je le concède...



Quelques références :


Ma recherche est insuffisante, mais j'ai pu retrouver dans des archives quelques documents qui attestent de l'utilisation de ces machines sous le Second Empire (1852-1870)  :

- Le 15 janvier 1859, un brevet est accordé pour une boucheuse lyonnaise :



Catalogue des brevets d'invention, d'importation et de perfectionnement 1859
Brevet 394.22 du 15 janvier 1859 pour une boucheuse lyonnaise.


- En 1866, deux machines à boucher sont présentées dans "Lectures de famille choisies dans Le Magasin pittoresque".
L'article est intitulé "Le vin de champagne", et il s'agit d'une reprise d'un article paru antérieurement dans "Le Magasin Pittoresque", cette encyclopédie populaire publiée en feuilleton par Edouard Charton.



















Lectures de famille choisies dans Le Magasin pittoresque, 1866 :
Machine à boucher système Maurice. Autre Machine à boucher.
Les boucheurs et les ficeleurs. Caves à foudres. Cave aux bouteilles.



- Le 21 septembre 1867, le bulletin "La Propagation industrielle", 2° série, n° 38 nous apprend qu'un brevet a été accordé pour une boucheuse dite parisienne :


Brevet 75192. Barbou. Machine à boucher les bouteilles, dite boucheuse parisienne.


C'est dire si les machines à boucher, boucheuses ou bouchonneuses, se sont répandues dans la seconde moitié du XIX° siècle.

Existaient-elles au siècle précédent ? 
C'était l'objet de mon ENIGMA N° 13 !



Une énigme encore non résolue :


Je vous avais proposé dans ma rubrique ENIGMA une machine à boucher, en bois et fer, présentée par le vendeur comme une "bouchonneuse XVIII° siècle" :





J'espérais que vous pourriez m'aider à authentifier - ou non - cette machine, mais je n'ai pas reçu de contribution. J'ai revu le vendeur à Arlon (Belgique) : il avait vendu cette machine !

Peut-être suis-je passé à côté d'une "montre en or" ?
N'ayant pas acheté d'autres boucheuses depuis, j'en possède une dizaine que je vous présente.



Mes boucheuses :


- Sur la photo suivante, vous retrouverez quatre boucheuses simples. Seule celle de gauche est marquée, il s'agit d'une boucheuse Camion Frères (initiales C et F encadrant une ancre de marine). Les trois suivantes sont des boucheuses à main : une comporte des bras de leviers, les deux autres sont droites, l'une en bronze et acier, la dernière en bois et acier.



- Les trois suivantes ont des poignées formant pinces : celle de gauche est un modèle E. SOYEZ & Cie 1900, celle du centre est une production MONT & JACQUOT Fils, e fabricant de la troisième est inconnu, mais la boucheuse est marquée LE PRATIC.





Dès sa présentation en 1900, la boucheuse SOYEZ a intéressé les Vignerons de Beaune : elle est évoquée  dans leur bulletin. 


Bulletin  de l'Association Vigneronne de l'Arrondissement de Beaune, 
N° 60 de novembre-décembre 1900


- Les deux dernières sont de taille et de poids imposants : j'imagine qu'elles ne pouvaient pas être utilisées pour boucher de simples bouteilles ? alors des bonbonnes ? ou des tonneaux ?
La plus grande n'est pas marquée, l'autre comporte une inscription allemande, W. KROMER FREIBURG H, non documentée.





Les boucheuses : une collection à part entière ?



Il resterait à dire que cette thématique pourrait constituer une collection à elle seule. Il existe en effet une très grande variété de boucheuses, des plus simples en bois jusqu'aux modèles sur pied ou aux machines des entreprises viticoles.


Petite boucheuse Sanbri. Boucheuse sur socle Camion Frères. Boucheuse Yankee.



Et vous ?


Peut-être aurez-vous envie de m'adresser des photos de vos propres boucheuses ? 

Si oui, je les publierai avec plaisir.



M



3 commentaires:

  1. Message transmis par Hajo :
    Mon cher Marc,
    les bouchonneuses m'ont toujours intéressés et je suis heureux, que tu reprennes ce sujet.
    J'ai composé en 2003 un article sur les bouchonneuses, que Marc Poncelet a pris comme base de son article dans l'EXTRACTEUR no 35.
    J'ai repris et mis à jour mon article en 2013 un pour le KRÄTZER.
    Tu comprends bien l'allemand, comme je sais!
    C'est fascinant, quel choix d'inventions on trouve sur ce domaine.
    Si tu veux des photos particuliers ou d'aide avec le texte, dis le moi.
    Amicalement

    Hajo

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  2. Merci Hajo,
    Tu as raison, j'avais oublié de citer le bulletin du CFTB, je corrige dans le texte.
    Avec ton aide, je reviendrai sur ce sujet.
    Amicalement,
    Marc

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  3. Bonjour j ai en ma possession une bouchonneuse en bois et me demandais de quelle année pouvait elle être ?pouvez-vous m eclairer?

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